find a hero (batnam ♡)

 

outfit ➸ Elle s’ennuyait comme un rat mort ce soir-là… Comme tous les week-end, lorsqu’elle rentrait au bercail, Seol Ji pleurait presque l’abandon de sa chambre étudiante pour retourner chez elle. Depuis que son frère aîné s’était envolé dans un autre pays, elle échangeait avec lui de simples lettres ou cartes postales, à défaut de pouvoir l’appeler librement. Leurs parents n’avaient toujours pas digéré son départ, mais surtout, son abandon dans ses grandes études d’ingénieurs. Même si la facture astronomique ne posait pas un réel soucis, Seol Ji ne pouvait pas l’avoir aussi souvent au téléphone, qu’elle ne le voulait… Et ce n’était pas lui qui pouvait se le permettre avec son petit salaire d’ouvrier, alors la voie postale était l’unique solution. A côté de ça, la belle ne pouvait pas se permettre une énième boom, malgré le regard implorant de son amie Tae Ha, un peu plus tôt. La jeune coréenne savait que ses parents n’étaient pas pour ce genre de « divertissement »… Cependant, elle venait à l’instant de terminer son dernier roman fantastique – le genre de lecture qu’elle allait même jusqu’à dissimuler à sa mère – parce que ça ne faisait pas très mature pour son âge… Cela ne l’empêchait pas de continuer, mais se prendre des réflexions idiotes quant à son âge ou à ses intérêts mineurs avaient le don de lui taper le système, en plus de profondément la blesser… même si, elle évitait de le montrer, parce qu’elle se devait d’être une femme forte bien évidemment. Ses parents n’avaient d’intérêt pour elle que lorsqu’elle étudiait ou se plongeait dans une activité artistique telle que la peinture… Seulement, c’était déjà ce qu’elle faisait toute la semaine, à l’université…

Comme elle l’aurait parié en redescendant de l’étage, la jeune femme les retrouva l’un comme l’autre dans un silence religieux, l’une sur le canapé, et l’autre sur son fauteuil attitré, un journal pour l’un et une autobiographie pour l’autre… Du moins, c’est ce que Seol Ji supposa en reconnaissant sur la couverture, le visage d’une politicienne dont sa mère était éperdument « fan ». Ces derniers allaient vite saisir de part son accoutrement qu’elle s’apprêtait à sortir. Non pas à une boom, sinon elle aurait choisi quelque chose de plus habillé et de certainement moins confortable, mais à leurs regards interrogateurs, la demoiselle su tout de suite qu’ils attendaient après une explication. « Je vais à la salle d’arcades. Je ne rentrerai pas tard. » ajouta t-elle pour faire bonne figure, bien que le mot « arcade » étira une mimique disgracieuse des lèvres de sa génitrice. Un peu de fantaisie ne faisait de mal à personne dans ce monde de brutes ! Et Seol Ji si ficha pas mal de son opinion, bien décidée à sortir prendre l’air et à s’amuser un peu. « N’oublies pas de prendre ta clé. On sera peut-être couché quand tu reviendras. » lui signala son père, bien plus prévenant et moins austère à ses sorties nocturnes. Même s’il suivait généralement l’avis de son épouse, il trouvait tout aussi dommage qu’elle s’enferme un soir de week-end, lorsque tous les jeunes s’amusaient ailleurs.

Avec son approbation en poche, Seol Ji se rendit en bus jusqu’au Time Square. Ici, jamais personne ne venait la déranger ou la juger parce qu’elle trouvait amusant de dégommer des petits monstres pixelisés, en s’imaginant la tête de sa mère à la place ! Bien loin de la jeunesse dorée, elle se confondait au milieu de tous ces habitués. Pour la plupart, elle les trouvaient bien plus cool que la majorité de ses amis. Mais surtout, beaucoup plus humains. Malgré-tout, la brune évitait de marquer son statut de petite bourgeoise, pour ne pas être vue différemment. Elle ne se sentait pas plus belle ou plus intelligente qu’une autre dans ce genre d’environnement. Elle était juste bien. Si les minutes ne cessaient de défiler, il en était de même pour sa monnaie qui disparaissait à vue d’œil… Très vite rendue à devoir s’arrêter prématurément, Seol Ji se traita intérieurement d’idiote parce qu’elle n’avait pas pensé à prendre son portefeuille. Elle aurait juste assez pour rentrer... Lorsqu’elle fut contrainte de repartir des arcades, un bruit… ou plutôt un miaulement attira son attention. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires, le nez levé en direction des astres, avant de constater qu’un chat était resté coincé au sommet  d’un arbre ! En voyant l’animal en détresse, la belle ne sut pas tout de suite quoi faire. Les chats et elle, ce n’était pas une grande histoire d’amour… Cependant, il n’y avait pas beaucoup de monde dans la rue et elle n’osait pas interpeller quelqu’un, alors qu’elle ne daignait elle-même pas approcher la bête… Devait-elle appeler les pompiers ? C’était encore plus l’affiche, ça… Et de toute façon, elle n’avait pas assez pour emprunter une cabine téléphonique ! « Hé, comment t’es arrivé là-haut ? C'est complètement stupide de grimper si t'es pas capable de redescendre. » chigna t-elle après le félin, bras croisés contre sa poitrine. Si elle s’était rapprochée un peu plus, la crainte qu’il puisse lui retomber dessus la poussa à s’octroyer tout de même une distance de sécurité. Comment faire ? Devait-elle passer son chemin et faire comme si de rien n’était ?

« Et tu vois, c’est comme ça qu’on réussira à conquérir le monde. » Acquiesçant d’un petit hochement de tête, son camarade le regarde mi-intrigué mi-désespéré. Il faut dire les plans du jeune homme ne sont pas ce qu’il y a de plus fiables et réalisables. De la fantaisie, encore une fois. Ce qui lui vaut un soupir de son meilleur ami qui, quant à lui, se concentre bien plus sur le concret. Des opposés qui se complètent à leur façon. Finissant sa canette de soda, le châtain récupère sa manette, prêt à continuer cette session de jeu toute la nuit s’il le faut. Mais cela ne semble pas faire parti du programme de son meilleur ami qui se relève alors. « Allez, juste une dernière. » C’est ce qu’il répète depuis trois-quarts d’heure déjà et Dongchul ne manque pas de lui en faire la remarque. Ce dernier dit avoir quelque chose de prévu et au vu de son regard pétillant et de son sourire charmeur, il doit s’agir d’une fille. Fronçant légèrement les sourcils, le justicier se demande bien s’il s’agit de Mina. Ça ne le regarde pas, il le sait, mais ces deux là peuvent se montrer si butés parfois que cela le désespère. Et comme tout superhéros qui se respecte, il tente d’arranger les choses – du moins, avec Mina, lui offrant ainsi une oreille attentive et une épaule sur laquelle s’appuyer lorsqu’elle est exténuée. Pour ce qui est de son bro, c’est peine perdu. Il fut un temps où il ne cessait de le réprimander, lassé de voir Chul passer d’une conquête à une autre. Toutefois, n’ayant jamais rien expérimenté, le justicier se sait lui-même mal placé pour dire quoique ce soit.

Tant pis, il passera donc la soirée seul. Cela ne lui pose pas vraiment de problème, au contraire, ainsi il aura l’occasion d’enfiler son super costume, sa deuxième peau. Alors, tandis que son colocataire se prépare, lui il reste bien sagement assis par terre, adossé contre le canapé alors que ses doigts s’activent sur sa manette. Il attend patiemment, ne voulant pas que Chul apprenne qu’il joue encore aux superhéros lorsque la nuit tombe. Il faut bien avouer que ce passe-temps lui apporte bien plus d’ennuis qu’autre chose et qu’en plus, il a déjà fini plusieurs fois au commissariat. Et sans grand étonnement, ça a toujours été à Dongchul d’aller chercher son meilleur ami au poste. Alors maintenant, il préfère se faire un peu discret. Un peu, c’est tout. Il souhaite une bonne soirée à son bro et à peine la porte a-t-elle le temps de claquer, que le batnam file se changer.

Sur les toits, il se sent grand et vivant. Il a l’impression de voir toute la ville d’ici. Même si, en réalité, il ne voit qu’un bout du quartier et les tours de radio. Jusque-là, rien de bien intéressant. Un soupir s’extirpe de ses lèvres. C’est trop calme, bien trop calme pour un type comme lui qui ne reste pas en place. Il avait décidé de ne pas s’aventurer à Mapo ou Gangnam pour être sûr de ne pas tomber sur son meilleur ami qui le reconnaîtrait aussitôt. Mais ici, il n’y avait rien d’autre que de l’ennui.

Il en arrive presque à regretter cette soirée de patrouille lorsque finalement, quelque chose attire son attention. Du haut de son perchoir, il observe cette fille qui semble pester contre un petit chat. Ce dernier se met même à grogner pour lui répondre. Penchant la tête légèrement sur le côté, il se surprend lui-même à observer la scène avec un certain amusement. Trouvant là une bonne occasion de jouer les justiciers, il se décide à intervenir, quittant ainsi le toit sur lequel il avait grimpé pour se rapprocher doucement de cet arbre où est emprisonné ce chat. Discret, comme d’habitude, le batnam s’approche furtivement sans le moindre bruit. Et comme s’il était sorti tout droit d’une ombre, il se trouve soudainement aux côté de la demoiselle. « Je m’en occupe. » dit-il de sa voix faussement plus grave et sérieuse avant de se stopper net en reconnaissant son vis-à-vis. C’est elle… C’est… SON CRUSH. Écarquillant les yeux, il la zieute vite fait comme pour être sûr et oui, il n’y a aucun doute. C’est elle. Il va se ridiculiser, c’est sûr. Il se sent déjà rougir sous son masque. Et merde, il est trop tard pour faire demi-tour !

Un miaulement du chat le réveille et ainsi, il préfère reporter son attention sur lui plutôt que sur cette véritable déesse vivante qui hante ses pensées. Observant l’animal sur son perchoir, le jeune homme se décide à ne pas utiliser son grappin. L’arbre n’est pas si grand, c’en est même étonnant que l’animal ait du mal à redescendre. Il inspire et bien que la tentation soit grande, il ne lance aucun regard en la direction de la demoiselle. Car s’il le fait, il ne pensera plus qu’à elle et là, il peut être sûr de se casser la figure sous ses jolis yeux. Et ça, il n’en est pas question ! Alors il s’approche de l’arbre et malgré tout son attirail, il n’a aucun mal à y grimper. Après tout, ayant toujours été un enfant turbulent, c’est le genre de chose qu’il avait l’habitude de faire. Arrivé à la taille du chat, il tend le bras vers ce dernier qui ne semble pas vouloir le suivre. Ah, il aurait dû s’en douter ! C’était juste impossible que tout se passe comme sur des roulettes. Le batnam s’impatiente et persiste face à l’animal buté. « Ah, mais tu vas te décider, oui ! » grogne-t-il alors que la petite bête lui répond en sortant les crocs. Ce n’est pas ça qui va l’effrayer. Tant pis. Le justicier laisse alors ses doigts s’agripper à l’une des branches et la secoue très légèrement, cherchant à effrayer le chat. Et ça marche ! Pris de panique, l’animal saute sur lui. Technique puérile mais qu’importe, son charisme a déjà connu bien pire.

Gardant l’animal contre lui, il descend alors de l’arbre et c’est maintenant qu’il doit affronter sa véritable épreuve ; faire face à son crush. Naturellement, une fois qu’il se retrouve sur ses pieds et face à la demoiselle, il perd toute confiance. À cet instant, il aurait aimé disparaître en un clin d’œil comme le véritable Batman. Le jeune homme s’avance un peu et reste finalement à une distance raisonnable. Trop raisonnable. Tendant les bras tout en s’inclinant, il reste ainsi la tête basse tout en lui lançant un « Je… Ton chat ne craint plus rien ! » Si peu confiant il n’arrive même plus à imiter la voix de la chauve-souris. Mais qu’importe, il ne bouge pas, gardant les bras tendus, attendant que la belle se décide à récupérer son animal. Et tout cela sans oser lancer le moindre regard en sa direction. Tu parles d’un superhéros.